Pourquoi je ne propose pas le coussin de la colère

Aurélie Philemy
19/02/2021
un enfant avec un coussin de la colere

Que penser des outils que l’on propose dans les livres pour réguler la colère

comme les coussins de la colère, les bouteilles de retour au calme, souffler dans un ballon, crier… ?

Voici, après réflexion, pourquoi je ne propose pas ce genre d’outils aux enfants (et aux parents) que je reçois au cabinet. C’est un peu aller à contre-courant au vu du nombres de livres, sites internet… proposant d’utiliser cela pour gérer les émotions des enfant.

Des outils qui demandent de la réflexion

Quand les enfants ressentent une émotion forte, on sait qu’ils ne peuvent pas réfléchir. Il faut donc, pour être efficace, que la gestion émotionnelle soit automatisée, c’est-à-dire qu’elle ne nécessite pas de réflexion. Et je trouve qu’il est difficile d’automatiser l’utilisation de ce genre d’outils comme le coussin de la colère, la bouteille du calme…. Grâce à la méthode de la DRV (Demande de Répétition Verbale) de l’émotion, le fait que l’enfant exprime son émotion par une petite onomatopée (« oh zut ! ») ou une parole (« j’en ai marre de rater ») s’automatise plus facilement. Et c’est le fait d’exprimer ses émotions qui est le plus efficace pour réguler ces dernières.

Des outils qu’on ne peut pas toujours avoir sur soi

De plus, on sait aussi que les émotions peuvent arriver à tout moment. L’utilisation d’outils comme le coussin de la colère, la bouteille du calme, un ballon à gonfler, dessiner sa colère… ne sont pas toujours disponibles pour l’enfant lorsqu’il va ressentir cette émotion. Or, une bonne gestion émotionnelle doit être efficace en tout lieu. Respirer ou exprimer, c’est possible en tout lieu et c’est très efficace si l’environnement l’accepte.

fille qui pratique la respiration relaxation

La respiration, un outil léger et discret

En effet, lorsque l’émotion n’est pas trop forte pour que l’enfant puisse réfléchir, un des outils que je propose aux enfants assez grands (et aux adultes) est l’utilisation de la respiration. Elle s’emporte partout 🙂 et peut être très discrète. Cela est un point important car le fait de souffler n’est pas toujours accepté socialement. (« Arrête de souffler quand je te dis quelque chose !»).

Des outils avec une limite d’âge

Enfin, je trouve qu’il est plus adapté socialement de pourvoir dire son émotion avec une belle phrase en « je » que de gonfler un ballon… (à 15 ans, par exemple…).

Utiliser plutôt l’écoute active

Je pense aussi, qu’à chaque fois qu’un enfant utilise ces outils comme le coussin de la colère…, c’est qu’un adulte lui a conseillé. Mais peut-être connaissez-vous des enfants qui l’utilisent spontanément ? Je trouve alors que, si un adulte est disponible, autant utiliser l’écoute active qui est très efficace et amène plus d’autonomie à l’enfant. En effet, l’adulte, en proposant une émotion, permet à l’enfant d’apprendre à reconnaitre ses émotions, mais aussi à pouvoir les exprimer verbalement et à mieux comprendre quels besoins elles indiquent.

Des outils qui ne fonctionnent qu’avec la colère

Ces outils m’embêtent aussi car ils sont toujours destinés contre la colère. Comme si l’urgence de la gestion des émotions étaient de faire taire cette colère alors qu’on sait qu’elle est aussi utile que les autres émotions.

Ces outils peuvent encourager les enfants à taper, détruire ou crier

Enfin, certains de ces outils peuvent encourager les enfants à taper (coussin de la colère), à détruire, ou à crier lorsque l’enfant ressent de la colère. Même si la règle est de taper sur un coussin, de déchirer une feuille ou d’aller crier dans sa chambre, l’association colère et violence physique ou colère et violence verbale est maintenue dans le cerveau de l’enfant. Et n’est-ce pas cela que les parents voudraient éviter ?

Voici un extrait vidéo interessant de Joël MONZEE, docteur en neurosciences, qui explique pourquoi il déconseille les cousins de la colère :

Pour conclure, remplacer ces outils par la pratique de l’écoute active chez les parents, les phrases en « je » et la respiration me parait plus adapté et efficace.

L’Autrice

Aurélie Philemy
Je suis Aurélie Philémy, psychomotricienne depuis 15 ans, installée à Chalon-sur-Saône en libéral depuis 2013. J'attache particulièrement une importance aux enfants qui ont des besoins spécifiques, mais pas seulement. Je travaille avec les parents présents pendant les séances et aborde particulièrement le soutien parental et la gestion des émotions.

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Commentaires

4 Commentaires

  1. Angélique

    Bonjour, dans le cas d’un enfant de 6-7 ans qui semble avoir besoin d’évacuer une tension par la voie motrice sans pour autant ressentir de la colère, il serait donc déconseillé de lui offrir un temps et un espace bien défini à la maison où il peut taper sur un objet pour se défouler (mais pas pour exprimer sa colère) ? Il est préférable de l’inviter à courir dehors ou sauter ? Acheter un petit trampoline si il vit en appartement sans jardin?

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    • Aurélie Philemy

      Bonjour, si ce n’est pas de la colère, je vois moins d’inconvénients pour le coussin (qui ne s’appellera plus de la colère). Ca peut être un punching ball aussi. Après, je pense que d’aller dehors pour les enfants et encore plus en pleine nature (forêt par exemple) est vraiment bon pour eux. Je pense que nous avons tous besoin de ça.

      Réponse
  2. Gersende

    Bonjour,
    Que faire dans le cas où un enfant est tellement envahit pas ses émotions (notamment la colère, frustration) qu’il n’est plus en état d’adhérer à l’écoute activé ou la respiration ? En cas de gros débordement?
    Ps : je découvre votre site, vous l’avez peut être évoqué dans un autre article…

    Réponse
    • Aurélie Philemy

      Bonjour, bienvenue sur le site. Dans ce cas, lui proposer de sortir dehors, essayer d’encourager le mouvement, tenter un câlin ou attendre que cela s’apaise en acceptant sa colère peut aider. N’hésitez pas si vous avez d’autres questions.

      Réponse

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